Aux femmes qui se battent pour protéger notre océan et notre sécurité alimentaire : Merci !
Par Prudence Wanko Djiodio, coordinatrice nationale de Greenpeace Africa au Sénégal, Melita Steele, directrice intérimaire de programmes Greenpeace Africa, et Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International
Fermez les yeux. Imaginez-vous debout sur une plage, le sable fin, en train d’écouter le bruit de l’océan alors que les vagues déferlent. C’est magique, n’est-ce pas ? En effet, c’est le paradis.
Maintenant, imaginez que vous ouvrez les yeux et que vous puissiez regarder sous la surface de l’océan. Pendant une fraction de seconde, imaginez que vous voyez l’étendue des nombreuses conséquences des principales menaces qui pèsent sur la santé des océans: la pollution, la surpêche, la pêche illégale, l’eutrophisation, la crise climatique et même la pollution plastique. La plupart d’entre elles est cachée, ce qui nous laisse presque uniquement voir la beauté de nos océans, et non ce qui est nécessaire pour les entretenir. Lorsque nous considérons vraiment la pression exercée sur nos océans, tout d’un coup, la magie est perdue.
Aujourd’hui, en cette Journée internationale de la femme, nous célébrons les nombreuses femmes du monde entier qui se battent sans relâche pour ramener et préserver cette magie ainsi que la stabilité sociale et la sécurité alimentaire qu’elle procure.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un milliard de personnes dans le monde dépendent du poisson comme principale source de protéines animales. Dans certains petits États insulaires, les gens couvrent leurs besoins en protéines exclusivement à partir des fruits de mer.
Dans un pays comme le Sénégal, en Afrique de l’Ouest, par exemple, le poisson couvre 70% de l’apport en protéines animales de la population. Depuis des années, les femmes de la région de l’Afrique de l’Ouest, aux côtés des petits pêcheurs, repoussent une industrie de la farine et de l’huile de poisson (FMFO) en plein essor, et un nombre inconnu de navires de pêche étrangers destructeurs qui emportent le poisson, dont les communautés locales dépendent. Les usines de la FMFO, qui appartiennent principalement à des investisseurs hors d’Afrique, sont responsables de la surpêche, qui entraîne déjà la diminution des stocks de poissons en Afrique de l’Ouest, et doivent être tenues pour responsables. Ces dernières années, cette industrie a surexploité des centaines de milliers de tonnes de poissons frais parfaitement propres à la consommation humaine et les a transformés en FMFO. La plus grande partie est exportée vers l’Asie et l’Europe pour alimenter l’industrie de l’aquaculture, les animaux de compagnie ou pour être utilisée dans des produits à base d’huile de poisson oméga-3 destinés à la consommation humaine.
“Malheureusement, le prix de cette surexploitation est payé par les communautés locales qui luttent pour se nourrir et gagner leur vie, car les usines de la FMFO consomment une énorme quantité de poisson”.
Malheureusement, le prix de cette surexploitation est payé par les communautés locales qui luttent pour se nourrir et gagner leur vie, car les usines de la FMFO consomment une énorme quantité de poisson. À titre d’exemple, un seul des navires-citernes qui partent régulièrement d’Afrique de l’Ouest, rempli d’huile de poisson et d’une capacité de 3 933 m3, nécessite 70 000 tonnes de poisson frais. C’est l’équivalent de la consommation annuelle de plus de 2,5 millions de personnes dans un pays comme le Sénégal.
“Les femmes en Afrique de l’Ouest jouent un rôle important pour assurer la sécurité alimentaire des communautés dans toute la région. Nous avons besoin que les gouvernements d’Afrique de l’Ouest mettent en place des mesures pour assurer la sécurité alimentaire de leurs populations au lieu d’enrichir l’industrie de la FMFO. L’une de ces mesures consiste à accorder aux femmes un statut juridique qui leur permettra de poursuivre leur travail, qui consiste à aider à nourrir les familles et à envoyer les enfants à l’école”, a déclaré Prudence Wanko, coordinatrice de Greenpeace Afrique au Sénégal.
Nous devons cesser de détruire nos océans maintenant.
Par Prudence Wanko Djiodio, coordinatrice nationale de Greenpeace Africa au Sénégal, Melita Steele, directrice intérimaire de programmes Greenpeace Africa, et Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International.