Dakar, Sénégal, 23 avril 2020. Le Ministère de la Pêche et de l’Economie Maritime du Sénégal a demandé au Comité consultatif son avis pour l’attribution des licences de pêche à 54 navires d’origine chinoise et turque, dont certains sont impliqués dans la pêche INN dénoncée par Greenpeace.
« En attendant que les conséquences sociales et économiques dévastatrices du COVID-9 se manifestent. le Sénégal et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest doivent réserver leurs stocks de poissons pour la subsistance de leur population. Toute autorisation de nouveaux navires de pêche contribuerait á décimer les stocks et pourrait exposer des millions de personnes á l’insécurité alimentaire croissante », déclare Dr. Ibrahima Cissé, Responsable de la Campagne Océan à Greenpeace Afrique. « Les prix du poisson s’envolent et les stocks de poisson sont dans un état d’épuisement irréversible, dans un contexte de lutte contre une pandémie mondiale, nous devrions nous arrêter pour réécrire les règles de notre économie et redéfinir nos relations avec la nature », ajoute le Dr Cissé.
Le processus de demande de licence de pêche ajoute une pression sur les pêcheurs, les femmes transformatrices de poisson et toute une économie artisanale qui lutte déjà pour concurrencer les grandes entreprises de pêche et de farine et d’huile de poisson, dont les navires ont doublé leurs opérations dans les eaux sénégalaises depuis 2012. En outre, ces dernières semaines, les communautés ont été confrontées à des difficultés encore plus grandes, avec les restrictions d’accès aux zones maritimes imposées par les mesures de confinement dues au COVID-19.
« La mauvaise gestion, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et l’expansion de l’industrie de la farine et de l’huile de poisson entraînent la pauvreté, la migration clandestine et la disparition des pêcheurs en mer. La gestion des pêches nécessite un minimum de cohérence, la recherche d’autorisations de pêche dans les pays voisins pour les pêcheurs artisanaux est contradictoire avec l’octroi de licences à des navires étrangers pour les mêmes ressources. Le ministre de la pêche, Mr. Alioune Ndoye, doit respecter ses engagements internationaux et nationaux et suivre les recommandations des scientifiques afin de donner la priorité d’accès aux ressources aux communautés côtières et donner une chance á la restauration des ressources », a conclu le Dr. Cissé.
Depuis 15 ans, Greenpeace Afrique fait campagne avec la société civile et d’autres organisations pour mettre fin à des décennies de surexploitation des stocks de poissons en Afrique de l’Ouest et de politiques inadéquates. L’année dernière, Greenpeace Afrique a également lancé une campagne pour mettre fin à l’expansion des usines de farine et d’huile de poisson qui ne sont pas durables sur les plans environnemental, économique et social au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie.